BIBLIOGRAPHIE. 6H

Gustave Fagniez. Documents relatifs à Vhistoire du commerce et de l'industrie en France. T. Depuis le /er siècle avant Jésus-Christ jusqu'à la fin du XIIIe, publiés avec une introduction dans la Collection de textes pour servir à l'étude et à renseignement de Vhistoire. Paris, A. Picard, 4 898. In-8°, lxiv-349 pages.

Avec son intelligence si vivante, et dont il a donné tant de preuves, de notre histoire économique, M. Fagniez a réuni une intéressante collection de textes relatifs à l'histoire du commerce et de l'industrie en France depuis les origines jusqu'au хше siècle. Quelques-uns de ces textes sont inédits, la plupart sont réimprimés d'après les meilleures éditions qui en ont été données antérieurement. Dans son introduction, M. Fagniez déclare qu'il sera très sobre de notes et d'éclaircissements. On sait que cette sobriété est coutumière aux éditeurs de la Collection de textes. On trouvera peut-être que, cette fois-ci, le système est poussé à l'excès. Il est vrai que M. Fagniez nous annonce pour le second volume un glossaire technologique qui groupera les termes spéciaux si nombreux dans ces textes. Ce sera un précieux dédommagement et que nous attendons avec impatience.

Les documents publiés par M. Fagniez sont choisis avec beaucoup de soin et de la manière la plus heureuse. Ils apparaissent bien comme caractérisant les points saillants de notre histoire économique, où, dans une étude d'ensemble, peut s'accrocher la pensée. Néanmoins, ce qui nous a le plus intéressé, c'est l'introduction, très large et très ferme de forme et de fond, très belle esquisse du développement de l'industrie depuis la Gaule romaine jusqu'à l'apogée du xine siècle. M. Fagniez a très bien vu comment « l'industrie et le commerce, ces puissants instruments de rapprochement et d'union, se localisèrent comme le reste et entrèrent dans le système qui hiérarchisa, sans les tirer de l'isolement, toutes les forces sociales et qu'on a appelé la féodalité. »

A notre avis, M. Fagniez est encore trop sous l'influence des théories germaniques ; il y a là, pour notre goût, beaucoup trop de marchands frisons et de guildes Scandinaves. Nous sommes convaincu que les guildes et confréries du xie siècle ne devaient, en France, absolument rien aux Germains, pas plus que les corporations d'arts et métiers ne devaient quelque chose aux Romains. A vrai dire, nous ne pouvons que difficilement faire de cette opinion, qui nous est personnelle, un grief contre M. Fagniez, car, si c'est nous qui avions écrit cette préface, c'est M. Fagniez qui nous reprocherait d'avoir exprimé les idées que nous exposons en ce moment.

Frantz Fungk-Brentano.